Si vous n’étiez pas au courant, cette nouvelle risque de vous faire froid dans le dos… Le gouvernement chinois surveille la vie de ses citoyens pour leur attribuer une note ! Pire, ce « système de crédit social » (SCS) permet de leur distribuer des punitions… Oui, oui, des punitions (mais aussi des récompenses).
Le « crédit social » : comment ça marche ?
Le « système de crédit social » (SCS) a été mis en place par le gouvernement chinois pour trier sa population. Actuellement en phase de développement dans certaines villes-tests (environ 70) , chaque citoyen se voit attribuer une note entre 350 et 950 points pour permettre de savoir s’il s’agit d’un bon ou d’un mauvais citoyen…
« Ce système va reposer sur un numéro d’identité unique que se voient attribuer les Chinois à la naissance et nécessaire pour tout : acheter un téléphone, faire des démarches administratives, etc. – Antonia HMAIDI – économiste
Mais alors comment est calculée cette note ? Pour rappel, nous sommes en Chine et tout cela est donc assez flou… De manière générale, nous savons que celle-ci est basée sur une véritable surveillance de ses habitants mais aussi de ses entreprises… avec des centaines de données économiques, sociales et politiques triées via un algorithme créé par les ingénieurs du gouvernement.
D’ici 2020, l’intégralité des données (banques, sociétés privées, sites de e-commerce, autorités…) seront rassemblées. Le gouvernement chinois sera donc en mesure de connaître la vie d’un citoyen dans les moindres détails : quelle a été sa carrière professionnelle jusqu’à maintenant ? Quelle est sa situation financière ? A-t-il des dettes vis à vis de sociétés privées ou services publics ? Quel est son comportement sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux ? Comment conduit-il ? Pire : est-ce qu’il achète des cigarettes ou de l’alcool ?… Vous l’avez compris, il ne semble pas trop (pas du tout) y avoir de limite dans cette surveillance de masse ou chaque élément sera en mesure d’affiner et juger la valeur d’un individu.
« On ne sait pas si les citoyens seront amenés à se noter entre eux et comment ils y seront obligés, on ignore s’il s’agira de plusieurs notes ou d’une note unique comme à Rongcheng, jusqu’à quel point les informations seront partagées, rendues publiques. Mais aussi quelle sera l’implication des entreprises dans ce processus » – Antonia HMAIDI – économiste
Le « crédit social » : punitions et récompenses ?
La notation des citoyens chinois n’est pas un outil comme les autres. En effet, il permet aussi au gouvernement d’infliger des punitions ou d’offrir des récompenses.
Nous avons donc appris que si vous êtes chinois et que votre note est mauvaise, vous n’avez plus le droit de voyager, plus le droit d’acheter un logement, plus le droit de postuler à certains emplois ou encore… plus le droit de créer une entreprise. Par exemple, l’organe de presse chinois vient de déclarer que 11 millions de personnes ont été interdites de vol et plus de 4 millions n’ont plus le droit de prendre le train… Vous souhaitez contredire votre mauvaise note ? Nous vous le déconseillons… Par contre, le gouvernement chinois vous invite à donner votre sang ou pourquoi pas flatter le parti communiste. Cela pourra à terme faire remonter peu à peu votre note…
Mais si vous disposez d’une bonne note, que se passe-t-il ? Et bien vous vous sentez un « bon » citoyen chinois… et d’ailleurs, pour vous récompenser, le gouvernement peut vous attribuer des bons de réduction sur les transports en commun ou dans les musées par exemple.
Autre exemple récent, la Chine expérimente actuellement une sonnerie de téléphone spécifique réservée uniquement aux citoyens endettés. Le but ? Que les autres chinois puissent vous reconnaître immédiatement dans la rue lorsque votre téléphone sonne. Humiliations et restrictions quotidiennes donc…
Le « crédit social » : je sais ce que tu vaux mais je sais aussi où tu es
En Chine, la reconnaissance faciale est devenue un fondement du respect de l’ordre mais aussi du pistage de ses citoyens... En effet, à ce-jour, plus de 200 millions de caméras de surveillance munies de la reconnaissance faciale ont été installées dans le pays et ce n’est qu’un début.
Un algorithme central est donc capable de reconnaître les personnes ou les véhicules qui passent devant ces caméras en se référant à une base de données numérique immense. Il est donc même possible de regrouper toutes les données pour pister et géolocaliser les citoyens chinois.
Officiellement, le système a été mis en place pour éviter les incivilités et les délits… mais on peut aussi se poser la question vis à vis de la privation de liberté car, associé au système de notation, la Chine dispose désormais d’une arme capitalistique unique au monde.
Créé pour contrôler et surveiller la population chinoise, ce « système de crédit social » est directement inspiré du modèle capitaliste. Terrifiant, dérangeant… les termes pour qualifier ce système façon Black Mirror ne manque pas ! Pourtant, le gouvernement chinois sait communiquer et argumenter auprès d’une population déjà conquise en indiquant qu’il s’agit ici d’un moyen moderne et fabuleux pour vivre mieux… Pensez-vous qu’un tel système puisse arriver un jour en Europe ?