Vous avez certainement vu passer la nouvelle : Facebook lance sa cryptomonnaie. Nommée Libra, cette monnaie virtuelle interroge car il se pourrait bien qu’il s’agisse ici d’un tournant dans la démocratisation des cryptomonnaies et dans l’évolution moderne de notre monde. Opportunité fantastique pour certains, véritable menace pour d’autres… Dans tous les cas, l’annonce du géant bleu bouleverse déjà notre planète… Il faut dire que le discours est clair : « Libra réinvente l’argent ». Tentons de faire le point.

libra facebook

Libra : qu’est-ce que c’est ?

Pour rappel, une cryptomonnaie est une monnaie virtuelle cryptée (Plus d’informations avec notre article sur les bitcoins). Si toutefois, ce terme vous paraît flou, sachez que sans parler du côté technique (qui reste très différent des monnaies classiques), il s’agit un peu du même principe que votre application ou votre site bancaire. En effet, aujourd’hui, il vous est possible de visualiser le solde de votre compte et réaliser des achats ou des transferts d’argent très simplement et en quelques clics. Même si encore une fois les caractéristiques intrinsèques des cryptomonnaies sont très différentes, c’est un peu la même chose… Les cryptomonnaies permettent de réaliser des achats ou des transferts très simplement et sans argent physique à partir d’une interface.

Mais revenons à Libra… Qu’est ce qui se cache derrière l’annonce de Facebook ? Libra, c’est la nouvelle cryptomonnaie de Facebook. Annoncée le 18 juin dernier, cette monnaie virtuelle veut bouleverser le monde. Un peu comme toutes les cryptomonnaies me direz-vous ? Ce n’est pas faux… Sauf qu’ici, le géant bleu arrive avec un projet mûrement réfléchi, très complet et surtout global.

Libra est un projet qui fait suite à de nombreuses années de recherche et développement. Facebook a donc eu le temps de regarder ce qu’il se faisait dans le milieu des cryptomonnaies et y a apporté des améliorations pour offrir selon eux, la monnaie virtuelle ultime. Mais dans les faits, qu’en est-il ? Tout d’abord, les utilisateurs sont obligatoirement vérifiés à l’aide d’une pièce d’identité officielle pour utiliser Libra. De plus, des dispositifs antifraudes complets associés à des systèmes d’alertes et à un service client dédié disponible 24h/24 et 7j/7 ont été mis en place. En cas de fraude par exemple, il est indiqué qu’un remboursement intégral peut intervenir (à la manière des autres banques classiques). Même si cette monnaie virtuelle repose sur une blockchain un peu particulière vis à vis des autres cryptomonnaies, celle-ci est annoncée totalement sécurisée, évolutive et fiable. Concernant les historiques des transactions, ils sont annoncés comme privés et ne seront jamais communiqués publiquement.

De plus, l’intelligence de Facebook est de lancer une cryptomonnaie par l’intermédiaire d’une nouvelle filiale, Calibra. Nous sommes Facebook, nous sommes donc crédibles et solides pour lancer Libra. Par contre, aucune inquiétude, notre cryptomonnaie sera gérée de manière indépendante et donc pas directement par notre réseau social… Un discours plutôt malin, surtout après les déboires de la firme américaine.

Enfin, le dernier point qui nous semble important, ce sont les partenaires. Sociétés grand public, entreprises spécialisées dans les cryptomonnaies, fonds d’investissement ou encore organisations non gouvernementales, Facebook a su s’entourer d’une vingtaine d’entreprises pour le lancement. Et pas n’importe qui s’il vous plaît.. Nous pourrions vous citer le Français Illiad (détenant Free)… mais également Mastercard, Visa, PayPal, eBay, Uber, Spotify… ou encore CoinBase, deuxième plus grosse plate-forme d’échange d’actifs numériques de la planète. Bref, du beau monde. Et comme si cela ne suffisait pas, chacun a dû débourser un minimum de 10 millions de dollars pour participer au projet. Une excellente façon de maximiser l’impact du Libra en plus de lui apporter crédibilité, légitimité et assurer la stabilité de sa valeur

Libra : à quoi ça sert ?

Il est difficile aujourd’hui de comprendre complètement la stratégie du géant américain tant les objectifs semblent nombreux… Nous vous le disions, cela fait longtemps que Facebook travaille sur cette cryptomonnaie et ça se sent.

Avec Libra, Facebook lance Calibra (du même nom que la filiale qui s’occupe de Libra). Calibra sera une application disponible via iOS et Android. Il s’agira d’un portefeuille (Wallet) destiné à acheter, vendre, stocker ou encore utiliser ses libras. Compatible également avec Messenger, WhatsApp ou encore Instagram, il sera possible de s’envoyer directement de l’argent en quelques secondes (et donc de concurrencer par la même occasion les services WeChat ou Alipay) ou encore réaliser des achats sur des sites de e-commerce partenaires. A terme, le Libra pourrait devenir un système international et unique de paiement. D’ailleurs, Libra se veut séduisant avec les entreprises en indiquant qu’il sera un « moyen unique de développer sa clientèle et acceptant les paiements de plus de clients, qu’ils soient locaux ou qu’ils se situent à des milliers de kilomètres ».

libra calibra

« Vous pouvez utiliser Calibra pour envoyer de l’argent à n’importe qui, partout dans le monde. Calibra est conçu pour Libra, une nouvelle cryptomonnaie mondiale. La valeur de la Libra étant stable, vous pouvez également garder votre argent sur Calibra et utiliser votre compte pour payer des transactions au quotidien, par exemple pour payer votre café, vos courses ou vos transports en commun » – Site du portefeuille Calibra

calibra libra

Facebook se veut séduisant en proposant une cryptomonnaie non spéculative qui pourrait à terme remplacer le Bitcoin (ou encore l’Ethereum autre monnaie virtuelle en place) avec une plateforme de développement plus efficace.

Le Libra est aussi une opportunité fantastique liée à la bancarisation des pays émergents. En effet, le Libra peut permettre de créer un compte et transférer de l’argent simplement et rapidement. D’ailleurs, à terme, le Libra ne s’interdit pas de se diversifier et de proposer des services financiers « classiques » y compris des crédits…

Enfin, Facebook parie aussi à court terme sur Calibra pour augmenter ses recettes publicitaires. Vous le savez, il s’agit du business modèle du réseau social et le Libra peut donc devenir une véritable opportunité d’augmenter les revenus liés à la publicité.

Libra : opportunité ou menace ?

Nous vous le disions, après de nombreuses années de recherche et développement, Facebook semble apporter au monde un projet très bien ficelé sur un plateau d’argent. Une projet qui étonne par sa maturité…

Cela dit, il est important d’aller un peu plus loin dans l’analyse. Même si le projet Libra est terriblement bien pensé, il n’apporte pas la même ouverture que d’autres cryptomonnaies au niveau technique (Comme Ethereum par exemple). De plus, le Libra est assez verrouillé et manque de liberté. Est-ce justement ce qu’il manque aux cryptomonnaies actuelles ou perd-on ici l’essence pure de cette nouvelle technologie ?

Autre point essentiel : depuis l’annonce de l’arrivée du libra, cette toute nouvelle monnaie virtuelle fait peur et les annonces s’enchaînent tant les craintes s’élèvent peu à peu. Après les États-Unis, l’Europe ou encore la Chine, les autorités japonaises viennent de décider de se pencher sur la cryptomonnaie de Facebook pour comprendre l’impact possible vis à vis de leur système monétaire. L’arrivée du Libra va donc certainement pousser les états à accélérer la réglementation des cryptomonnaies. Il est donc important de continuer à garder l’oeil ouvert sur cette nouvelle technologie.

Dans tous les cas, Facebook semble pour le moment jouer l’apaisement. Même si le Libra est prévu pour 2020, le géant bleu a encore annoncé récemment qu’il serait patient et que la monnaie virtuelle serait lancée uniquement lorsque toutes les craintes des régulateurs seraient effacées… Dernier argument de David Marcus en date (directeur du projet Libra) ? Libra prévoit d’enregistrer sa monnaie virtuelle au FincEN, le réseau de lutte contre les fraudes dépendant du Trésor US mais aussi répondre à toutes les dispositions des lois internationales sur le secret bancaire et contre le blanchiment d’argent. Facebook, future banque mondiale ?

 

Pin It on Pinterest

Share This